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Dans la tête des journalistes

Journalistes : Nina Di Battista, Laure Blachier, Thomas Le Hetet, Maxime Grimbert ; Montage : Nina D., Laure B., Thomas L. ; Site web : Maxime G - Master JGen 2016

Gérer cette émotion est d'autant plus important que le journaliste à une responsabilité vis à vis de ce qu'il transmet, particulièrement lors d'évènements de cette ampleur. Essayer de ne pas heurter les victimes et leurs proches, comme l'explique Antonin Chilot, mais aussi ne pas donner d'information erronnée. C'est via leur travail qu'une grande partie de la population a vécu la nuit du 13 novembre. Il faut trouver les mots justes, pour retranscrire justement. Quand on est face à une chose que l'on ne comprend pas, il est compliqué de la qualifier. Pour Emmanuel Fansten et Willy Le Devin , journalistes à Libération, c'est là qu'il faut être vigilant. C'est en ayant plus d'informations que l'on peut être plus précis dans leurs traitements.

Dans la course à l'info, l'attitude des médias avait été critiqué notamment lors de la prise d'otage de l'hyper casher, en janvier 2015. Une chaîne d'info en continu avait révélé la présence de personnes dans la chambre froide du supermarché, alors même que l'évènement était en cours. Une attitude qui avait choqué, à l'époque, et qui n'a pas été réitérée en novembre. Dans ces moments-là, les rédactions elles-même sont prises dans la spirale de l'évènement, leur empêchant de prendre du recul sur leur propre travail. Quitte à parfois reprendre les éléments de langage des politiques. Ce que l'on a pu notamment voir avec les unes de plusieurs quotidiens qui parlaient de "guerre".

"On a tendance à l'oublier, mais les journalistes sont aussi des humains". C'est ce que répond Jean Marie Quemener, rédacteur en chef à LCI, quand on lui demande l'état d'esprit dans lequel se trouve un journaliste, alors même qu'il doit retransmettre une information lourde comme celle du soir du 13 Novembre. En s'intéressant aux mots du terrorisme, il semble nécessaire de regarder de plus près le processus d'acheminement de l'information.

 

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Cette dernière parvient aux citoyens en passant par le prisme des journalistes. S'intéresser à la psychologie de celui qui produit l'information peut alors permettre de mieux appréhender les journaux, les éditions spéciales ou les émissions de radio qui ont suivi les attentats de Paris.

Si, au début, ils ont eu du mal à comprendre ce qu'il se passait, les journalistes que nous avons interrogés ont vite saisi qu'il s'agissait de quelque chose de conséquent. "Au fur et à mesure, tout se met en place, on comprend très vite qu'on a affaire à quelque chose d'énorme" continue le rédacteur en chef. Le genre d'évènement dont on se souvient dans une carrière de journaliste. Un évènement qui fait peur, qui choque, mais qu'on a aussi envie de couvrir, une sorte de paradoxe. Il est difficile de mettre de côté l'émotion quand on se sent directement touché par une actualité. Certains pourraient alors soulever la question de l'objectivité, ou de la qualité, de l'information. Pour lui, l'émotion est assumée. Elle fonctionne même comme un moteur.

Antonin Chilot, rédacteur à l'édition numérique du Parisien, a également couvert la nuit du 13 novembre et les jours qui ont suivi. Il n'entretient pas le même rapport à l'émotion.

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