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Les Unes post 13/11

Journalistes : Nina Di Battista, Laure Blachier, Thomas Le Hetet, Maxime Grimbert ; Montage : Nina D., Laure B., Thomas L. ; Site web : Maxime G - Master JGen 2016

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Enfin, trois journaux parlent de "guerre". Ces unes sont particulièrement importants puisque, en reprenant les termes de l'exécutif, elles vont instaurer la notion de guerre dans l'esprit des gens. Au vu du débat, aujourd'hui, pour savoir si la France est effectivement en guerre ou non, c'est un vrai enjeu que d'afficher le terme en une d'un journal. Celle du Parisien est particulièrement engageante."Cette fois c'est la guerre", c'est comme si le journal lui-même déclarait sa guerre.


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Toutes ces unes témoignent du choc et le renforce. Les personnes qui ne sont pas au courant des attaques le matin du 14 novembre subissent le choc dans les kiosques. Pour ceux qui l'étaient déjà, cela rajoute une couche supplémentaire.


Regardez les Unes du 14 novembre. 


Le lendemain, 15 novembre, le ton change. Le choc passé, les unes témoignent davantage d'une volonté de recueillement. L'Equipe est "en deuil", Libération choisit de n'afficher qu'une page noire accompagnée d'un bouqet de fleurs, comme si les mots ne suffisaient plus. Pour Le Figaro, c'est "Le chagrin et la colère". Cette dernière notion tranche légèrement avec les autres. Si le chagrin passe avec le temps, la colère est quelque chose de plus instantané et sous-tend une réaction de celui qui la vit. Cette idée de réaction se retrouve chez La Marseillaise, qui est "toujours debout", et qui marque une attente quant à la suite des évènements.


Regardez les Unes du 15 novembre.


Le 16 novembre, on passe complètement dans l'après. Ces unes posent la question de la réponse à apporter à l'"horreur" qu'a connu le pays. On distingue plusieurs pistes de réflexion. La première est plus intellectuelle et symbolique. Il s'agit de rester uni face au traumatisme. Des expressions qui représentent cette union se créent, à l'image de la "Génération Bataclan" de Libération. L"union sacrée" de l'Equipe va dans le même sens.


La seconde réponse est plus concrète : il s'agit de "riposter". La colère de la veille a mené à une volonté de vengeance. François Hollande avait alors décidé de bombarder Raqqa, bastion du groupe Etat Islamique. Une décision prise dans l'émotion du choc. Après les déclarations de guerre du 13, Les Echos prennent acte de ces bombardements avec leur une "Dans la guerre". La France vient de rentrer dans une logique guerrière.


Regardez les photos des Unes du 16 novembre.


Par ce déroulé chronologique, l'on appréhende davantage les logiques qui suivent les choix de ces unes. Si l'on considère tous ces titres comme un ensemble, il y a eu une vraie évolution, du choc à la riposte, en passant par l'émotion.

En observant les titres des journaux parus aux lendemains des attaques, il est possible de dégager certains thèmes, ou champs lexicaux. Cela peut donner une idée de l'état d'esprit dans lequel la population se trouvait alors. Les médias ont cette double aptitude : comme reflet de la société, ils agissent comme un indicateur, mais ils peuvent aussi agir comme des prescripteurs d'opinions. Les unes qui suivent ont nécessairement un impact sur la façon dont la population se représente l'évènement mentalement.

Le 14 novembre, plusieurs quotidiens, nationaux ou régionaux, choisissent de parler de la "terreur". C'est le cas de l'Equipe, Nice-Matin ou la Voix du Nord. Historiquement, le terme renvoie à une période trouble de la Révolution française lors de laquelle les contres-révolutionnaires étaient systématiquement emprisonnés ou tués. Aujourd'hui, la terreur renvoie à un état de malaise profond, institué par la peur.

Libération et La Provence titrent sur le "carnage". Un terme plus concret, qui renvoie précisément aux faits. On imagine la violence, le sang, les fameuses scènes de guerre. On passe de la terreur à l'horreur.

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